Andy
Son histoire, mon expérience
Andy, croisé labrador et 2nd chien adopté, a été retrouvé errant sur une route de Loire – Atlantique.
Grâce à l’identification électronique et le registre de l’I-cad, nous connaissons quelques brides de sa vie. Il a été identifié par un vétérinaire du Nord Pas de Calais, a vécu dans la creuse avant de se retrouvé avec un nouveau propriétaire en Vendée. Il a été récupérer par la spa à l’âge d’un an et un peu plus. Il y a passé 7 mois où il a été castré puis a eu des sorties avec un bénévole pour aller courir sur les bords de l’erdre pour l’aider à mieux vivre sa vie de chien en box.
Sur le box était marqué « ne pas jouer » « laisse et collier en chaine uniquement ». En dehors de la spa, Andy avait, au premier abord, un comportement normal. Une fois, les grilles du refuge passées, il était ingérable. Malgré le collier étrangleur, il arrivait à se cabrer et retourner vers les grilles pour sortir ou juste rester sans ne plus vouloir bouger. Il avait une sacrée force du haut de ces 35kg. Une fois remis en box, il se jetait contre les grilles. Son mal-être était très nettement visible et je ne savais pas tout à ce moment précis.
Il est arrivé à la maison, content d’être sorti de son box et près à tout accepter pourvu qu’il n’y retourne pas. Il a fait connaissance avec Luther qui lui a fait comprendre qu’il était là le premier. Malgré sa taille, Luther s’est très bien se faire comprendre. Andy n’a rien dit et accepter sans aucunes protestations. Ce n’était que le début de sa nouvelle vie et notre vie ensemble comme le début des « surprises ». Je l’ai emmené également partout avec moi pour le socialiser. Il a fallu tout lui apprendre et notamment que la laisse ne servait pas à frapper, lui faire comprendre que l’abandon ne serait plus jamais à l’ordre du jour. J’ai compris pourquoi il y avait marqué « collier et laisse en chaine uniquement ». Il a du en recevoir des coups de laisse alors la solution qu’il a vu pour résoudre le problème par lui-même : les manger.
Andy est réactif ++++++ à ces congénères et ne connait pas du tout l’Homme. Il est en surpoids et est très angoissé. J’ai commencé par lui faire perdre du poids, le sociabiliser à tout, l’éduquer etc…2 mois après son arrivée, je me suis aperçue très vite qu’Andy pouvait boire 5L comme 40L d’eau d’un seul trait. Il n’était donc pas propre. Je l’ai rationné pour voir si cela changerait quelque chose et appris à être propre. Le problème restait le même. Je n’ai pas tardé à l’emmener chez le vétérinaire pour voir s’il n’était pas malade physiquement. Tout était bon. Il est potomane. Il est tellement mal dans sa peau qu’il boit sans s’arrêter. J’apprendrais quelques années plus tard que cette maladie est rare chez le chien, d’où sa gravité. La vétérinaire m’a dit : « soit on met en place un traitement chimique, soit on essaie l’ostéopathie ». Andy venait d’avoir 2 ans, il m’était insupportable d’avoir à l’idée qu’il serait sous traitement chimique à vie sans aucunes certitudes de son efficacité. A la première rencontre avec l’ostéopathe qui m’avait prévenu que cela pouvait être impressionnant, Andy a peine touché s’est laissé tomber sur le sol. Il a lâché prise en quelques sortes sous la pression des doigts à des points du corps précis. En fin de séance, elle m’a dit : « Andy est tellement tendu/angoissé qu’il se rend malade physiquement. La moelle épinière en temps normal descend jusque dans une bonne partie de la queue. A ce jour, celle d’Andy s’arrête au milieu de son dos. Dans 6 mois, son train arrière va arrêter de fonctionner ». Il a donc fallu trouver une solution pour qu’il décharge tout ce stress.
Avec un chien angoissé, réactif, qui n’a pas de rappel, il a fallu se creuser la tête pour savoir comment faire. Un jour, je suis tombé sur un article qui expliquait la discipline du canicross. A l’époque, elle était beaucoup moins connu que maintenant. J’ai cherché le matériel, le club, la tenue pour courir pour moi et nous voilà parti. Oui je me suis mise attaché à mon chien à courir avec lui pour essayer de le sauver. Comme lui, je ne connaissais rien et je n’avais pas couru depuis le collègue. Je me suis lancé avec lui dans la course à pied entouré de congénères qu’Andy ne pouvait pas supporter comme les humains. Avec le recul d’aujourd’hui, je me rends compte que c’était énorme de gérer sa course, son chien, ses réactions et mes réactions.
Il a eu 2 séances d’ostéopathie dans les mois qui ont suivi. Le verdict est tombé : Andy va bien voire très bien. Le dos est détendu. Son corps à sa démarche oscille normalement. C’était gagné pour la partie morphologie. Andy allait pouvoir vivre physiquement comme un chien normal. On a continué à s’entrainer sérieusement autant avec lui que sans lui pour ne pas se casser trop vite.
En parallèle, les cours d’éducation se suivaient sans se ressembler. Ensemble, on a débuté l’obéissance et l’agility. Ça n’a duré qu’un temps. Il m’a vite fait comprendre qu’il ne continuerait pas. Il y avait trop de contraintes pour lui. Je lui ai toujours laissé le choix et écouter ce qu’il me disait. Il n’était bien qu’à courir. Nous étions ensemble dans un même effort sans réflexions, sans « ordres » à comprendre et appliquer. Il fallait juste courir.
On a commencé la compétition, histoire de continuer à s’amuser et évoluer à plusieurs. Il fallait le sociabiliser et socialiser un maximum. Il savait mettre une muselière au cas où il y est besoin. Elle le rendait encore plus réactif avec, j’ai donc pris la décision de l’avoir sous la main sans lui mettre. Je prenais les distances nécessaires à tout instant. Je ne doublais pas. J’attendais que le dernier de la ligne de départ soit parti. Je maintenais toujours la ligne de trait au cas où. Andy est un chien qui a horreur de faire toujours la même chose alors on a traversé la France pour s’amuser ensemble sur les compétitions et les stages. Il a participé à un trophée régional avec plus de 200 concurrents par course. Il a visité la Belgique aussi. Il a également fait sa formation chien visiteur. Avec énormément d’attention, il a tenu un week-end entouré des congénères. Il a fait quelques visites en extérieurs et en se promenant. Il avait du mal à supporter l’intérieur avec tout ce qui pouvait se produire et notamment les canes et tout ce qui pouvait s’apparenter à un bâton. En quelques mois et puis quelques années, Andy avait changé. C’était un chien qui revivait. Il y a eu des courses où petit à petit je pouvais lui faire confiance. Sous la pluie, dans la boue, sous la grêle et la neige, avec des lunettes, je ne voyais rien. Ce n’était pas grave. Andy était vraiment mes yeux en ayant toujours à l’esprit que si j’entendais quelqu’un arrivait je le maintenais sur le côté. En fin de carrière, Andy partait en même temps que tout le monde. Je n’avais qu’à penser à la trajectoire, regarder droit devant et le reste se faisait tout seul. Andy rattrapait mes erreurs et moi je l’aidais quand il fallait. Nous étions un binôme.
A l’âge de 7 ans, Andy est parti comme à son habitude sur sa course. J’ai vite compris que quelque chose n’allait pas. Il s’est arrêté après le premier virage. Andy ne voulait plus courir. Après avoir tout vérifié physiquement, il allait très bien. Il n’avait juste plus l’envie. Nous avons terminé la course à son rythme. Il avait encore la volonté de me faire plaisir. Il l’a finit pour moi, pour que l’idée fasse son chemin et j’ai déclaré forfait pour les 2 autres où nous étions inscrit sur le week-end. Nous avons fait quelques kilomètres et quelques heures de route mais le plus important c’était lui. Nous avons profité du week-end en regardant les autres, lui qui ne voulait jamais être spectateur a adoré.
En débutant ce sport, je lui ai fait une promesse et je l’ai toujours dit : « le jour où Andy ne voudra plus courir, je respecterais sa décision ». J’ai débuté pour lui. J’ai arrêté pour lui.
Andy est un chien qui sait se faire comprendre quoiqu’il arrive. J’en ai fait les frais un jour en testant pour arriver à me faire une idée de quoi il était capable. J’ai été un peu loin un jour, 6 mois après son arrivée. Il faut savoir que lorsqu’Andy refusait catégoriquement quelque chose, il prenait son élan et te fonçait dessus. J’ai insisté pour voir jusqu’où ça irait. Je me suis retrouvé en une fraction de seconde dans une baie vitré et des bleus sur les coudes. Cela donne une idée des ravages de l’humain sur les animaux. Imaginez ce que cela aurait pu donner sur une personne autre que moi. C’est pour cela que j’ai continué. Je ne voulais pas me retrouver dans une situation sans savoir de quoi il était capable. C’est également pour cela que je suis comportementaliste aujourd’hui. Pour aider les gens qui comme moi un jour, ce sont retrouvé devant une telle situation désemparée. Essayer de changer les mentalités sur la vision de l’animal dans notre société qui va trop vite. Il y en a eu des doutes, des questions, des découragements, des joies, des déceptions. Aujourd’hui à 9 ans, Andy profite pleinement de sa retraite à la maison avec des balades qui lui vont bien, sans aucunes séquelles physiques, bien dans ses pattes et sa tête, sociable avec l’humain pour ne pas dire qu’il les adore et sociable avec ces congénères.
Que ce soit Luther comme Andy, nous ne savons pas comment ils vieilliront alors chaque jour, ils ont une attention particulière. Chaque changement de comportement et d’alimentation est surveillé à la loupe.
Merci d’avoir pris le temps et l’intérêt de lire jusqu’au bout. Cela vous permettra de comprendre ma démarche professionnelle un peu mieux au travers des ces expériences. Elles m’ont toutes deux faites grandir et évoluer dans mon approche animale et humaine à tous points de vue comme d’autres expériences.